21 mars 2014, 9h00, Salle Henri-Gagnon, Pavillon Louis-Jacques-Casault, Université Laval
Conférencier invité : Ons Barnat
Cette conférence vise à offrir une présentation générale du phénomène de l’enregistrement en studio de la paranda garifuna en Amérique centrale (Belize, Guatemala et Honduras), tout en ouvrant des pistes de réflexions sur l’étude ethnomusicologique d’un tel objet. En dernière instance, elle soulèvera quelques enjeux épistémologiques et méthodologiques liés aux problématiques qui sous-tendent la création actuelle de la parandagarifuna.
Genre né de la rencontre (imposée par l’exil) au XIXe siècle entre les Garifunas et des populations hispaniques centraméricaines, la paranda connaît aujourd’hui un regain d’intérêt chez les acteurs de la production discographique locale. Depuis son apparition dans les studios d’enregistrement, elle a évolué vers une forme modernisée, faisant appel à des instruments électriques et des procédés de traitement du son caractéristiques des musiques « populaires ». Devenue en 2000 (avec la compilation Paranda; Africa in Central America, produite par Stonetree Records et distribuée par Warner/Elektra) une « musique du monde » sur le marché discographique international, cette nouvelle forme de paranda connaît un succès conséquent dans les palmarès de world music – popularité qui se déploie après coup chez les Garifunas centraméricains, qui redécouvrent un genre jusqu’alors quasiment disparu dans sa version villageoise.
À partir de l’exemple de la « récupération », à des fins commerciales, d’un genre musical « traditionnel » par un label indépendant centraméricain, cette conférence montre comment un producteur de world music a su se servir du studio d’enregistrement comme d’un outil créatif susceptible de lui ouvrir les portes de l’internationalisation. Utilisant le studio comme laboratoire expérimental, Ivan Duran est ainsi parvenu à réaliser des disques qui – tout en atteignant un succès critique international – allaient lui permettre d’établir son label, Stonetree Records, en tant que standard pour l’ensemble de l’industrie musicale régionale.
Multi-instrumentiste d’origine danoise-tunisienne, compositeur-arrangeur et professeur de musique, Ons Barnat vient d’obtenir son doctorat en ethnomusicologie à l’Université de Montréal, consacré à l’étude du phénomène de l’enregistrement en studio de la parandagarifuna en Amérique centrale (Belize, Guatemala et Honduras). En plus d’avoir décroché ses certificats de fin d’études musicales en solfège et en cor français dans un Conservatoire du sud-ouest de la France (son pays de naissance), il détient une licence de musique de l’Université de Pau, ainsi qu’une maîtrise en ethnomusicologie de l’Université de Paris 8. Passionné de reggae et des musiques du monde, il possède une solide expérience de musicien de scène et de studio (Europe, Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud et océan Indien), en tant que guitariste, claviériste, corniste, bassiste, percussionniste, ingénieur du son et réalisateur. Il est actuellement stagiaire postdoctoral à la Faculté de musique de l’Université Laval sous la supervision de Sophie Stévance.